Stella Sujin, Le silence d’une féminité
Jérémie Grandsenne
« Laissez les ténèbres à leurs ténèbres, et allumez la lampe qui conduit au lever du jour. » Philippe Jaccottet
Féminin est le premier mot qui vient à la vue du travail de Stella Sujin.
Pas seulement pour l’imagerie aisément et trop aisément rattachable à des figures de la féminité, ou à l’idée d’une artiste femme aux pinceaux, telles que fleurs, sexes féminins, autoportraits aux lèvres rouges, mais surtout parce qu’avec toute la prudence qu’il faut garder à de telles déclarations, qui peuvent sembler se fonder sur une imagerie stéréotypée du masculin et du féminin, on a beau savoir qu’une peinture n’a pas de genre, on ne peut s’empêcher de songer que celle-ci ne saurait être que l’œuvre d’une femme.
Car si l’on veut bien pardonner à cette affirmation certes trop audacieuse pour qu’y entrent toutes les subtilités de la réalité, des personnes, des œuvres d’art, on pourra voir ici un certain type de sensualité, révoltée et douce à la fois, sauvage et rêveuse, d’une organicité tour à tour romantique, brutale, évanescente ou insistée, un geste caressant de la touche, des dégradés brumeux et carnés à la fois, des tons aux distances imprévues qui se referment comme magiquement, comme des fleurs le soir, sur une harmonie lumineuse qui feutre en même temps qu’elle éclaire : les mots et les idées ne décrivent pas le féminin, mais les peintures en naissent irrémédiablement.
Bougies de couleur entre des parois comme in-utérines — rêverie intime, presque secrète, d’enfance qui se cache dans les draps pour peindre les mondes colorés de la série Végétariennes, où l’on peut s’évader d’un quotidien qui heurte et coupe, — et dans le même temps frémissements de peau, qui ne sont plus ceux d’une enfant, face aux promesses sans mots que font les peaux des autres à celle d’une jeune fille et d’une femme : tout ceci, qui sur le papier pourrait n’être l’apanage d’aucun genre en particulier, se donne naissance ici, sur les couches de la toile ou dans le modelé souple et les mi-teintes des céramiques, depuis une sensibilité qui signe, presque plus que du nom de l’artiste, du nom de femme.
Les femmes, Sujin en parle, les peint, les sculpte, les défend, s’engage pour elles et parmi elles, les célèbre, entières ou par fragments de leur corps, par visages, parfois les entremêle à un corps animal, chimérique, de guépard, de griffon, d’oiseau aux grandes ailes blanches, aux serres fermées, sur un décor surréaliste de roches trouées aux arêtes fluides.
Ses couleurs éclatent avec retenue.
Bleus de ciel des pastels, ou violacés comme souterrains, roses profonds, bruns doux, gris pâles, halos de lumière et blancs mats. Rythmes des chevelures noir charbon, lointainement nourries de rouge, de bleu nuit, sur des autoportraits aux lignes adoucies jusqu’à l’anonymat, reflets potentiels de toute femme qui voudrait y reconnaître sa propre trace, échos de tout visage de femme qu’un homme a déjà contemplé. Aquarelles aux rouges organiques, aux jaunes végétaux de fleurs vénéneuses, aux verts de plantes malades ou donnant les poisons.
Et partout, cette concentration, cette intensité de monde contenu qu’habitent les couleurs secrètes du silence, de l’imagination peuplante, des territoires cachés, des murmures doucement déployés, par confiantes caresses d’huile ou longues lumières de pastel sec, de l’intimité. Et malgré par endroits la nudité brutale ou l’érotisme cru de certaines aquarelles, tout se vêtit continument d’une grande pudeur.
Depuis quelques années, Sujin a donné à ses formes la troisième dimension, et le temps, le feu patient de la céramique, de sa cuisson lente.
Les formes, comme dans la magnifique série La Peau que j’habite, y sont encore souvent interstitielles entre animal et féminin, entre sexuel et maternel. Mais il arrive qu’elles s’atténuent vers moins de représentation, dans la presque abstraction d’un quasi-visage lissé jusqu’à l’absence de traits (Sleeping in the Deep Water II), ou dans les stries de cheveux de Double Faced Woman, qui sont peut-être plutôt les plissements de terrain d’un sol gris clair parcouru de jaune, de rouge, de terre, moucheté de bleu ou de rose sang, sur un monolithe de la taille d’un poing tout juste confirmé dans son caractère de portrait par un discret profil de nez, un renflement de bouche, une courbe de menton.
Les couleurs des céramiques semblent mettre un pied hors des grottes courbes, obscures et soyeuses des peintures, pour fleurir en tons discrètement brillants, en surfaces émaillées qui renvoient la lumière, et tout en gardant le silence, et tout en maintenant la pudeur, scintillent sans insister d’explosions cachées de bleus nocturnes, de bruns terreux et comme antiques, de mouchetés qui ressemblent aux marques d’un temps ancien d’où proviendraient les pièces après un long chemin de millénaires fragiles, de traînées et de coulures brunes, vertes, presque noires, sur un visage de biche, de femme, sur un buste féminin d’où poussent des formes d’arbres, de bois de cerf, de coraux.
Comme provenant d’une forêt secrète, chaleureuse, animée, où des âmes et des corps se mélangent dans une lumière en sourdine où les formes sortent du noir pour se frayer un chemin vers la couleur et vers dehors, les courbes et surfaces, les yeux et regards, les femmes et les natures qui peuplent les œuvres de Sujin, et viennent nous peupler en retour, ressemblent aux chemins qu’une intimité trouve pour dialoguer avec dehors, et établir avec le monde un rapport pacifié et intensifié à la fois, le rendre du même geste plus vivable et plus beau : œuvres qui semblent nées comme pour adoucir la douleur de vivre, éloigner le chaos que le monde imprime aux âmes sensibles, et dans le même instant colorer l’expérience humaine, lui accorder une harmonie, pour l’offrir enfin, aux yeux du spectateur ou de la spectatrice, dans une relation qui tient autant de l’amitié sans paroles d’un animal qui se tient là, attentif et silencieux, parmi les arbres au soir qui tombe, que sous une lumière indiscrète, de la sensualité d’un corps nu.
Nous ouvrons nos oreilles au murmure qui parvient, nous ouvrons nos yeux aux images qui passent, qui se mêlent, se distinguent, se mêlent à nouveau, qui s’embrassent en un tout de couleurs retenues ou debout, mais toujours fiancées dans une merveilleuse entente, et nous avançons, en tâchant de ne pas déranger, dans les bois vivants où elle nous invite.
“마녀, 숲으로 간 여자들” - 여성적 ‘말하기’와 그림
2021
스텔라 수진
“미슐레(1)가 마녀들에 관해 한 말을 떠올려보면 좋겠군요. 중세 시대 여자들은 농토와 숲속에 혼자 있었어요. 남편들은 십자군 원정을 따라가거나 영주의 전쟁에 불려 나갔죠. 농지에 딸린 오두막에서 주린 배를 잡고 여자들은 홀로 길고 지루한 시간을 버텼어요. 그러다가 숲으로 들어가 여우나 다람쥐, 새, 나무에 말을 걸기 시작했어요. 돌아온 남편들은 숲속에서 혼잣말을 하는 여자들과 마주하게 되죠.”
“남편들은 이렇게 말했겠군요, ‘여자들이 단단히 미쳤어. 그래, 여자들은 미친 짓을 하곤 하지.’”
“바로 그거에요, 그리고 여자들을 불태워버렸죠. 광기를 멈추기 위해, 여자들이 말하는 것을 막기 위해.”(2)
대전시립미술관 《넥스트코드 2021》를 통해 발표하는 50점의 수채화는 중세 이후부터 ‘마녀’로 불리던 억압되고 은폐된 여성상을 재조명하는 작업이다. 마녀, 프랑스어로 소르시에르(sorcière), 이 단어는 나이든 추한 여성을 폄하하여 부르는 표현이기도 하다. 마녀‘들’은 농경 전통 안에서 배우자나 가족 없이 공동체와 분리된 채 숲속에 혼자 살며 동물과 나무에 말을 건다. 그들은 미슐레의 1862년 에세이 『마녀』를 통해 처음으로 치료사로 정의된다.
자연에서 특별한 지성을 획득한 그들은 약재를 다루고 사바트(sabatt)라는 주술과 춤을 동반한 단체 의식을 행한다. 병을 고치고 출산과 동시에 낙태를 주관하기도 했다. 치료사이자 산파로서 마녀는 공동체의 건강, 특히 여성들의 삶과 성에 결정적인 역할을 해왔다. 미슐레는 천 년 동안 민중의 유일한 의사가 마녀였다고 말한다.(3) 그러나 근대 의학의 발명과 함께 마녀의 지식과 능력은 악마화된다. 19세기 가톨릭교회는 ‘의학을 공부하지 아니하고’ 치료 행위를 감행한 여성을 마녀로 규정하고 사형에 처할 것을 공표하기에 이른다.(4) 이어서 대규모의 마녀사냥에 의해 그들은 한 줌의 재로 사라지게 된다.
“마녀들이 교회와 의학의 이름으로 화형당했듯, 수천의 여성들이 지금 여기 사제집단과 의사집단의 억압적 권력에 의해 살해되고 훼손됐다. 마녀들이 겪은 것과 마찬가지로, 전반적인 혐오의 분위기 속에 여성들이 사회로부터 돌팔매질을 당했다. 왜? 감히 ‘몸’을 건드렸기 때문이다. 성을 체험하고 자유로운 몸을 느끼고, 감히, 환희를 알아버렸기 때문에.”(5)
1968년 영국, 1973년 미국, 1974년 프랑스에서 낙태법이 통과된다. 같은 시기에 서구의 학자, 문인, 예술가들에 의해 마녀의 가치평가와 연구가 활발히 이루어진다. 이제 마녀는 가부장제와 자본주의 권력에 저항하는 여성의 상징이 된다. 그리고 환경과 인종, 성 평등, 동물권까지 지평을 넓혀가며 생태여성주의와 여신신앙에 기초한 영적 그룹인 위카(wicca)(6)의 핵심으로 떠오른다. 환경과 자본, 정치와 영적 세계를 아우르는 여성해방운동의 전통은 오늘날『마녀연합(Witch Bloc)』(7) 같은 단체들에 의해서도 이어져 오고 있다.
“여성의 분노가 의인화된 것이 마녀이다. 무시, 억압, 처벌에도 불구하고 자신을 긍정하는 여성, 과거에 그러했고 현재에도 그러하고 그러나 바뀌어야만 하는 이 세계에 ‘아니오’라고 말하는 여성 말이다. 마녀는 여전히 살아있다. 그리고 절망의 시간이 멈추지 않는 한 살아있을 것이다.”(8)
전시에 선보이는 수채화들은 이 특별한 여자들이 애호하는 동물 및 약초, 다른 차원으로 여행하기 위해 사용하는 식물을 소재로 했다. 마법이란 현실을 변형하는 예술이라고 미국의 마녀 스타호크(Starhawk)(9)가 말한 바 있다. 마을에서 숲속으로, 인간의 몸에서 동물의 몸으로, 합리와 광기의 아슬아슬한 공존을 무시하고 경계선을 넘는 위반의 주체인 마녀를 통해 환유의 여성 서사를 쓰고자 했다. 아라크네가 베를 짜듯 이야기를 자아내 세상을 지었다는 어느 고대 여신처럼 ‘말하기’를 통해 우리의 세계가 창조될 것임을 믿기 때문이다.
나는 유년기를 보낸 대전을 떠나 서울, 파리, 대서양 연안의 브르타뉴와 지중해 한가운데 코르시카를 거쳐 그림과 함께 돌아왔다. 내 작업은 극동 출신의 이주 여성이 스스로 여행자로 정의하고 경계를 탐구한 기록이다. 거창한 동시에 조악한 여정에 여자들과 동물들이 동행해 주었다. 혈족을 넘은 가족이 되어준 강인하고 아름다운 양자리 여자들, 그리고 앞으로 만날 여자들, 그대들의 이야기가 나의 길을 밝히고 있음을 고백하며 글을 맺는다.
(1) 쥘 미슐레(Jules Michelet, 1798~1874), 프랑스의 역사가
(2) 마그리트 뒤라스(Marguerite Duras), 자비에르 고티에(Xavière Gauthier)와의 인터뷰. 마그리트 뒤라스 담화 모음집『레 빠흘뢰즈(Les Parleuses)』, édition de Minuit, 1974, p.163-164
(3)『마녀(La Sorcière)』, 쥘 미슐레(Jules Michelet), GF, 1966 (1862), « Introduction », p.32
(4)『마녀(La Sorcière)』, p.40
(5) 자비에 고티에(Xavier Gauthier), 『마녀들(Sorcières)』, n°1, édtion Albatros
(6) 위카, 위카니즘(wiccanism)으로 불리는 이 종교적 색채의 문화 운동은 영국의 오컬티스트 제럴드 가드너(Gerald Gardener)에 의해 1954년에 시작되었다. 어머니 신을 위시한 고대 원시종교에 바탕을 두고 있으며 추종자들은 신이교도(neopagan) 혹은 마녀를 자칭한다.
(7) 『마녀연합(Witch Bloc)』은 익명성을 기본으로 하는 여성주의 및 무정부주의 활동가 단체로 성 노동자와 LGBTQIA+의 권리를 위해 투쟁하며, 반인종차별주의, 반자본주의, 반파시즘을 원칙으로 삼는다.
(8) 자비에르 고티에(Xavière Gauthier)의 독일 잡지 엠마(EMMA) 인용, 『마녀들(Sorcières)』, n°10, édtion Albatros
(9) 스타호크(Starhawk, 1951-)는 미국의 생태여성주의 작가이자 활동가로 여러 위카의 형성에 큰 영향을 준 신이교도(neopagan)이자 마녀이다.
Biaisées
2020
VIVIE (vivie.artcurator@gmail.com)
Alors que s’agitent dans l’art contemporain des représentations de la femme du côté de la résistante ou de la féministe, le corps féminin y est avant tout une matière esthétique à travailler et regarder. L’objet du désir devient le stéréotype qui efface les instruments de la sensibilité. Les femmes partagent la peur du sensible comme une forme abjecte.
L’artiste participe à montrer le contour des abjects réanimés dans ses peintures. La peau lisse blanche, le nez artificiel, les lèvres maquillées, les cheveux longs noirs et le regard vide sont les signes d’un corps féminin insignifiant. Ce corps hybride est porteur d’ambiguïtés et de contradictions intrinsèques, autocensures et conflits inconscients. L’artiste fait souvent référence à la fiction, au mythe et au cinéma pour créer une narration fantomatique. L’image inorganique soumet donc à une déperdition identitaire.
Stella Sujin ne cherche nullement à présenter son « moi » comme dans l’autoportrait ; elle ne montre au contraire que des fictions de « moi ». L’artiste poursuit continuellement les liens brisés entre le sujet féminin et son corps. Elle explore, interroge et redéfinit de manière répétitive les relations entre sujet et objet, entre peau et vêtement, entre masque et démasque. L’artifice créé du sujet se prolonge en appendice de son identité biaisée.
Artist’s statement
2020
Through my art work I explore the body through drawing, painting and ceramics. The body of all living beings is considered to me as a private field where desire, joy and pain are integrated, and a public field where politics and today’s discourses are expressed as individual identities. The body shows who we are, how we live and die, and how we define our existence by relating to the world. I'm interested in the duality of it (private, not private) and surrounding phenomena.
I use themes such as a female body, an animal’s body and hybrid bodies between human and animal, and combine images inspired by biology, anatomy, pathology with animals, plants and protozoa. Myths, legends, epics of various literary works are added to it. My aim is to write an intimate and discreet visual narrative that will be somewhere between knowledge, experience and fantasy, using a metonymic language in a secret and exotic voice, not a masculine or western way.
The whole of this work aims to interpret and rearrange my psychological impulses and illusions about the body. By deforming body and bringing out the things hidden under its skin, I would like to expose the conditions that shape life, and offer a kind of aesthetic experience in which beauty and strangeness, and fear are intertwined. I hope that it can also open up questions about vulnerability of human beings, their derisory nature and relationship with Nature.
I like to observe colors, textures and touches. And I like to use fluid mediums such as water, paper, pigments and clay, which I can use intuitively in a direct relationship between my body and the material. Whether it's watercolor, pastel, paint or ceramic, I take a way to maximize improvisation of the material by giving maximum freedom to it. My body gets into the material when I draw on the traces freely left on the surface or when I rub pigments and paints by hand.
This way of working is for me a form of dialogue or collaboration with the material without worrying about producing a final object. It allows me to keep a certain state of the free mind, a relaxed attitude towards the world by which my story can cross an epic.
In addition to the influence of biology and anatomy that I mentioned above, I have been greatly inspired by feminist art, Christian art, Michel Foucault’s thoughts, the « Feminine writing » by Hélène Cixous, the notion of « abjection » by Julia Kristeva, and many mythologies and romantic poetry by William Blake.
(French below)
A travers mon travail artistique j’explore le corps par le biais du dessin, de la peinture et de la céramique. Le corps de tous les êtres vivants est considéré pour moi comme un champ privé où le désir, la joie et la douleur sont intégrés. Il est aussi un champ public où la politique et les discours de nos jours s’expriment sous le nom d’identités individuelles. Le corps montre qui nous sommes, comment nous vivons et mourrons, et comment nous définissons notre existence en nous rapportons au monde. Je m’intéresse à la dualité de celui-ci (privé, non privé) et aux phénomènes qui l’entourent.
J’utilise les thèmes du corps féminin, du corps animal et du corps hybrides entre humain et animal, et combine des images inspirées de la biologie, de l’anatomie, de la pathologie avec des animaux, des plantes et des protozoaires. Des mythes, des légendes, des épopées de diverses œuvres littéraires s’y ajoutent. Mon but est d’écrire un visuel récit intime et discret qui se situera quelque part entre la connaissance, l’expérience et la fantaisie, en engageant un langage de métonymie d’une voix secrète et exotique, pas masculine ni occidentale.
L’ensemble de ce travail vise à interpréter et à réarranger mes pulsions psychologiques et illusions sur le corps. En déformant le corps et en lui faisant ressortir les choses cachées sous sa peau, je voudrais exposer les conditions qui façonnent la vie, et proposer ainsi une sorte d’expérience esthétique par laquelle le sentiment du beau, l’étrangeté et la peur s’entremêleront. Je souhaite que celle-ci puisse ouvrir également les questionnements sur la vulnérabilité de l’Homme, sur sa nature dérisoire et sur son rapport avec la Nature.
J’aime observer les couleurs, les textures et les touches. Et j’aime utiliser les médiums ayant la qualité de fluidité comme de l’eau, du papier, des pigments et de la terre, que je peux utiliser de manière intuitive dans une relation directe entre mon corps et le matériau. Qu’il s’agisse d’aquarelle, de pastel, de peinture ou de céramique, je prends une méthode qui maximise la liberté et la capacité d’improvisation du matériau. Mon corps s’introduit dans le matériau lorsque je dessine sur les traces librement laissées à la surface ou que je frotte les pigments et les peintures à la main.
Cette façon de travailler est pour moi une forme de dialogue ou de collaboration avec le matériau sans se préoccuper de produire un objet final. Elle me permet de garder un certain état d’esprit libre, une attitude détendue vis-à-vis du monde extérieur de laquelle mon récit à moi pourra croiser une épopée.
En plus de l’influence de la biologie et de l’anatomie que j’ai mentionnée ci-dessus, j’ai été beaucoup inspirée de l’art féministe, de l’art chrétien, de la pensée de Michel Foucault, de l’« écriture féminine » d’Hélène Cixous, de la notion d’« abjection » de Julia Kristeva, et de nombreuses mythologies et les poèmes romantiques de William Blake.
Memento Mori, Stella Sujin
October 2013
전보연 WOMAN DAILY MAGAZINE